Jeu vidéo sorti en juin au Japon et 3 mois plus tard dans nos contrées et édité par Capcom, Sprit of justice est le sixième volet des aventures de Phoenix Wright. Le jeu est disponible sur Nintendo 3DS en version dématérialisé et en anglais.
Quid donc de ce sixième opus ? Dans l'ensemble le jeu s'en tire bien même s'il n'est pas exempt de certains défauts. Globalement, il continue sur la lancée de Dual Destinies en adaptant la série à la 3D et en proposant de nouveaux éléments de gameplay.
Parlons justement du passage à la 3D puis du gameplay. Le passage à la 3D s'est effectué avec le précédent épisode mais on pouvait encore noter différentes irrégularités qui montraient que les modèles étaient perfectibles. On peut notamment penser au côté un peu cell-shading des personnage qui a été réduit dans Spirit of Justice pour proposer des modèles plus lisses et s'incorporant mieux aux environnement. Les nouveaux décors proposés sont également atypiques vu le voyage proposé par cet épisode et si l'action ne prend pas entièrement place dans le royaume de Khura'in, on y passe quand même un bout de temps. le royaume s'inspire des villages tibétains des hauteurs avec ses monastères et lieux de culte mais également son système judiciaire particulier car il vaut mieux éviter de prendre la défense de l'accusé si on ne veut y perdre également sa tête. Bref, ces décors contribuent bien à l'ambiance générale inspirée par le royaume, ses coutumes et son langage.
Niveau gameplay, on retrouve ce qui a fait le succès de la série, phases d'enquête et procès se succèdent avec les quelques nouveautés introduites par les épisodes précédents (le bracelet d'Apollo et l'analyse des émotions) et les bonnes vieilles méthodes d'enquête scientifique (Luminol et poudre pour les empreintes). Bref, rien de très novateur de ce côté-là mais si l'épisode prend place dans un nouveaux lieu avec de nouvelles coutumes alors on peut raisonnablement penser qu'on ne va pas se limiter à cela. C'est ainsi qu'on se retrouve confronté à la manière de conduire un procès dans ces contrées, le mort peut en quelque sorte témoigner une dernière fois de ce qu'il a perçu. En effet, la séance de divination pratiquée par la princesse du royaume permet d'entrevoir les derniers instants de la victime, sensations à l'appui ce qui fournit généralement un motif d'accusation supplémentaire qu'il vous faudra démonter en pointant les contradictions entre l'interprétation de la vision et celle-ci. Cette nouvelle mécanique de gameplay met le joueur à l'épreuve car les contradictions ne sont pas toujours faciles à percevoir alors que les témoignages sont généralement plus simples à démonter. Cependant, ce nouveau élément de gameplay n'est pas toujours bien calibré car il est facile non seulement de pointer à côté (en général, ça va mais si vous pointez à côté de la bonne réponse, ça risque de vous induire en erreur) mais également de trouver tout un tas d'autres raisons qui font que tel ou tel élément est présent. On l'aura donc compris, la séance divinatoire est moins claire que les témoignages et serait perfectible. Il faut parfois également pointer l'évidence dans certains témoignages, c'est nettement moins le cas dans la séance, on sait donc quoi chercher. Bref, cette nouveauté est intéressante mais néanmoins imparfaite.
Question scénario à présent, on retrouve un format à 5 affaires ce qui est plutôt positif. La première affaire est une excellente introduction à ce qu'on va connaître par la suite et est très plaisante à jouer. La seconde est expéditive et sans un très grand intérêt sinon de rencontrer le procureur rival qu'on reverra par la suite. La troisième est bien pensée scénaristiquement et offre un témoignage pour le moins inattendu. La quatrième met Athéna en avant et fait intervenir le procureur Blackquill, protagoniste de Dual Destinies, elle propose également un témoin bien pensé, une affaire très sympathique qui m'a fait apprécier Blackquill alors que Dual Destinies, il me laissait plutôt de marbre. La dernière affaire, quant à elle clôture tout ceci en 2 parties, une première plutôt inattendue et une seconde assez classique mais pleine de révélations. On peut également toucher un mot des DLC, 2 mini-épisodes et une affaire complète, le mini-épisode d'Apollo n'a que peu d'intérêt, celui de Phoenix est bien plus divertissant, quant au DLC, il offre une affaire classique mais dans un cadre très sympathique évocateur des machines à la Jules Verne.
Voilà pour l'histoire, les personnages à présent, de ce côté-là, contrairement à Dual Destinies, on retrouve des têtes connues, que ce soit Maya ou le détective attitré ou encore quelques apparitions de Hunter, on est davantage en terrain connu. Au niveau des protagonistes, c'est encore Apollo qui se taille une sacrée part, une fois de plus, on revient dans son passé (Si les 3 premiers volets pouvaient passer pour la trilogie de Phoenix Wright, les 3 suivants sont ceux d'Apollo) et on explore ses origines. Phoenix s'occupe de son voyage et de sa rencontre avec Maya (il est flanqué d'un guide amusant au passage) et Athéna a assez peu de présence si on excepte le procès qu'elle mène dans la quatrième affaire et qui voit Blackquill revenir comme mentor (un rôle bien plus sympathique que celui qu'il tenait dans l'épisode précédent). En face, du côté procureur se dressera Nahyuta Sahdmadhi, le procureur attitré de Khura'in, un personnage qui, comme Blackquill dans Dual Destinies, m'aura plutôt laissé de marbre, sa première apparition n'est pas à son avantage il faut dire, le procès est assez rapide et évident et sa défaite expéditive et s'il s'avère un peu plus coriace par la suite, il n'en demeure pas moins qu'il n'a que peu à raconter sans parler de ses actions dans la dernière affaire qui ne sont pas donner une sensation de déjà-vu. Bref, Nahyuta ne m'a pas vraiment impressionné, il est même plutôt au rang des procureurs les moins intéressants (encore qu'il me semble difficile de battre Gavin qui était tout bonnement fade) même si un retour dans un épisode prochain me fera peut-être changer d'avis sur le personnage comme ça a pu être le cas avec Blackquill. Voilà, pas grand chose d'autre à dire sur les personnages, ceux de Khura'in sont très caractéristiques de la région et bien conçus dans l'ensemble, c'est plutôt du côté de la seconde affaire, la plus faible qu'il faut chercher les personnages les moins intéressants.
Pour finir, j'évoquerais les musiques. Si on excepte les thèmes propres à Khura'in, très typés (encore que sonnant familiers), les autres thèmes sont pour la plupart des reprises de thèmes des premiers épisodes ce qui reste assez dommage, c'était déjà un peu le cas avec Dual Destinies mais ici, je n'ai vraiment pas l'impression d'avoir entendu grand chose de nouveau, dommage car les musiques de la série sont d'habitude de très bonne facture.
En conclusion, ce sixième épisode recèle quelques bonnes surprises, il s'avère un peu plus marquant que Dual Destinies sur plusieurs points et même s'il y a encore un peu de marge avant de retrouver le meilleur de la série, on prend sans doute la bonne voie. Espérons qu'ils continuent à s'améliorer mais surtout que Capcom revoit un jour sa politique en Europe car la version dématérialisée en anglais plombe un peu la série. L'éditeur n'en prend pas la direction mais on peut toujours espérer voir ce gâchis arriver un jour à terme.